Long live the king.
C'est un certain 18 octobre, sous un ciel propice à la promenade et dont les couleurs se déclinaient du orange au bleu que naquit un jeune lionceau au pelage brun. Kiba, c'est ainsi que ses parents le prénommèrent, c'est ce prénom qui allait le suivre toute sa vie. Croc, comme ceux entâchés de sang, comme ceux qui se plantent dans votre chair et la déchiquètent, vous faisant implorer le pardon, vous conduisant à la souffrance. Mais la peur chez un bébé se transmet par ses parents : l'enfant ressent les mêmes choses que ses géniteurs, et de la même sorte, ses réactions se construisent grâce à ses expériences et son éducation. La méchanceté, la gentillesse... Rien de tout cela n'est complètement inné, il faut guider à l'éveil ces sens... il faut les faire s'exprimer.


Life's not fair, is it? You see, I... well, I shall never be king. And you... shall never see the light of another day. Adieu.
A première vue, le jeune habitant de la savane avait tout pour être heureux : une famille unie, soudée et deux parents aimants, ce à quoi aspirent les pauvres gens. Mais il y avait une tâche en trop, quelque chose qui, selon Kiba, venait tenir ce tableau : son grand frère, cet être brillant qui reccueillaient maintes et maintes éloges de ses proches, et vint dès le début faire de l'ombre à Kiba.

Kiba a toujours jalousé son aîné intérieurement, et ce même si en apparence il ne se trahissait pas, jouant au héros à ses côtés, toujours prêt à faire une partie de cache-cache avec lui dans la savane ou à partir chasser la gazelle. Non, vraiment, personne n'aurait pu se douter des sentiments cachés dans son for intérieur... Même lui, petit, n'en avait pas complètement conscience.


I'm ten times my brother is!
Parallèllement à sa haine pour son frère, Kiba développa au fil du temps une certaine antipathie envers ses parents. Pourquoi l'ignoraient-ils malgré tous ses efforts ? Pourquoi ne le félicitaient-ils pas quand il tuait une belle proie ? Pourquoi ne le prenaient-ils pas au sérieux quand il semblait triste ? Pourquoi se faisait-il toujours réprimander à la place de son frère, alors qu'il était le benjami ? Pourquoi, pourquoi était-il toujours mis à l'écart ? Son frère n'était pas supérieur à lui, si ? En tout cas pas selon lui, non, il le savait, il vallait mieux que son frère, et il ferait tout pour le prouver, tout pour que ses parents soient fiers de lui.


No! No. Anything but that!
Kiba a grandi. Il est devenu un lion adulte et fort quoique svelte. Il aspire à devenir encore plus puissant afin de faire la fierté de son père, afin de sortir de l'ombre dans laquelle on l'a plongé contre son gré. Mais la nouvelle vient d'arriver, et le présent est irréversible.
Morts tués dans un combat les opposant à un peuple de lions vagabonds. Kiba ne pleure pas non, il ne semble pas ressentir la souffrance. Au contraire, il aurait presque l'impression que ces hors la loi exprimaient de la compassion pour lui, comme si son appel à l'aide intérieur s'était fait entendre. Pourtant, la colère et la peur l'envahissent. Kiba fuit, fuit la savane, fuit ses souvenirs et le passé, se préparant à dire adieu à la vie. A quoi bon vivre quand votre raison d'être et de vous surpasser n'est plus ?


Run away... Run. Run away and never return.
Ça ressemble à ça, le Paradis ? Une île perdue au milieu d'un océan dont on ignore l'identité, et où les gens semblent ne pas toujours être très “humains” ? Est-ce que les animaux y vont aussi, finalement... Et est-ce réellement la vie après la mort ?
Kiba s'est réveillé quelque part qui semble bien loin de ce qu'il avait pu imaginer, bien loin de son territoire natal à vrai dire. Il ne sait pas où est son frère qu'il a abandonné, souhaitant une dernière fois sa mort, quelques temps plus tôt. Combien de temps déjà ? Il a perdu toute notion spatiotemporelle.


You know the law: Never, ever mention THAT name in my presence. I... am... the KING!
L'ancien lionceau est devenu, par un phénomène enchanteresse, un beau jeune homme aux traits on ne peut plus humain. Roi du monde, ou du moins de son monde, il a finit par tout oublier, effaçant ses souvenirs familiaux et recommençant une nouvelle vie. Il est seul et pourtant pas malheureux, a emprunté la voix des études et a décroché un travail, en récompense de ses efforts. Chaque jour, Kiba se rend à l'hôpital pour exercer sa profession d'infirmier et espère tous les jours un peu plus grimper les échelons et obtenir le poste de chirurgien. Il a tout oublié, ou du moins, tout s'était envolé de manière éphémère.


Kill him.
Il se réveilla en sursaut dans son appartement, suant de toutes parts. Un rêve, un très mauvais rêve, oui, c'était ça. Rien de tout cela ne pouvait être réel, n'est-ce pas ? Lui, un lion ? Laissez-le rire ! Comment aurait-il pu être un lien qui plus est était parlant et voulait tuer son frère. Comment aurait-il tout simplement pu avoir une ascendance féline ? Il s'assit sur son lit et, troublé, rit nerveusement. Certains rêves restent ancrés dans vos têtes pour vous hanter quelque temps, mais ils finissent toujours par partir avec le temps.

Alors Kiba attendit quelques temps, mais le rêve revenait toujours à la charge, avec un goût toujours plus amer, une odeur toujours plus réelle. Et si les questions qu'il se posait pouvaient trouver une réponse aussi facilement ? Et si il y avait une vie avant la notre ? Et si tout ce qu'on lui avait inculqué n'était que mensonge ? [...]
Et si c'était vrai ?