Ce matin là, comme beaucoup d'autre, le premier état d'esprit de Kiba avait des tonalités négative. Il s'était réveillé, comme bien souvent, grognon, et avait, comme tous les matins, tapé sur son réveil pour le faire taire. Les bip bip incessants qui lui parvenaient jusqu'aux oreilles à une heure si matinale avaient le don de l'agacer, et pourtant, il était bien obligé de faire marcher l'appareil s'il ne voulait pas prendre le risque de perdre son emploi. Il voulait briller dans sa carrière autant voire plus que dans la société, alors mieux valait ne pas prendre de mauvaises habitudes. Même si, il le savait, quelque soit le nombre de retards qu'il avait à son actif, il n'en demeurait pas moins l'être qui méritait le plus la place de chirurgien mondialement reconnu.

Pourtant, il aurait pu s'en passer, au moins ce matin là. Mais cet être supérieur dont la ruse était incomprise par le reste de la population avait oublié d'enlever l'alarme du réveil et il en résultait un réveil qui se voulait plus tôt que prévu. Car oui, au lieu de pouvoir profiter du confort que lui offraient sa couette et son oreiller pendant deux heures de plus au moins, monsieur allait devoir se réveiller tôt un samedi. Un samedi, jour où il pouvait profiter de son temps libre pour dormir, prendre son temps et pourquoi pas préparer un mauvais coup en s'aidant de la naïveté du voisin? Et bien, il fallait se le dire : ses plans allaient sans doute être chamboulé par ce réveil, cette pseudo révolution technologique qui, pour le coup, aurait mérité d'être jeté et broyé, telle était la volonté de son maître.

Se frottant les yeux, Kiba envoya valser la couverture de l'autre côté du lit et se leva à moitié avant de se mettre debout, hors de son lit. Il appuya sur l'interrupteur et se cacha les yeux quand la lumière s'alluma, puis il se rendit dans la cuisine pour prendre son petit déjeuner. De toute façon, il le savait : à cause de ce satané réveil, il ne pourrait pas se rendormir.

Il avait englouti son repas matinal assez rapidement, s'était ensuite habillé en prenant des habits adaptés aux conditions météorologiques : le temps semblant clément, il avait décidé d'arborer un t-shirt surmonté d'un gilet assez fin et d'un pantalon léger. Et puis, pourquoi ne pas en profiter pour aller à la plage ? Il pourrait réfléchir à il ne savait trop quoi en écrasant les galets, les envoyant valser de part et d'autre des grains de sable.


C'est ainsi que le jeune homme arriva à la plage alors qu'il était 10 heures. Heureusement, il faisait suffisamment chaud pour se croire l'après-midi mais, selon lui, l'horaire était la bonne pour n'y croiser aucune route. C'était du moins ce qu'il avait espéré en prenant sa voiture et en prenant la direction du lieu dit. Kiba était un solitaire qui détestait les lieux en plein air et, à vrai dire, il se voyait mal se balader sur une plage bondée de monde. Non, il préférait largement sillonner un endroit désert, cela allait davantage de pair avec son caractère.

Il eut pourtant une nouvelle mauvaise surprise. Après le réveil, la présence d'un être. Le destin s'obstinait-il à s'acharner sur lui jusqu'à ses fins ou s'en lasserait-il avant qu'il pousse son dernier souffle ? Le jeune ermite soupira et, une fois sortit de sa voiture, il enfila ses mains dans ses poches, avançant, toujours un peu grognon, vers la mer qui lui faisait face. Ses pieds frappaient le sol alternativement dans un rythme monotone alors qu'il s'approchait de l'eau azurée. Cette dernière, qui s'étendait à perte de vue, était absolument magnifique, mais elle ne réconforta pas le jeune homme. Grincheux, il lui en fallait plus pour lui décrocher un sourire. Plus qu'un simple rayon de mer qui se jetait dans la mer, l'éclairant comme si elle était sous les feux des projecteurs.

Kiba regarda le paysage pendant quelques minutes puis détourna un peu son regard, désirant voir si la silhouette était encore de ce monde. Il essaya de se faire discret mais quiconque l'aurait regardé aurait remarqué qu'il tournait la tête plutôt brusquement. Sans gêne, il se mit à fixer la demoiselle qui empiétait sur son territoire, endroit qu'il avait presque conquis, par la pensée du moins, comme s'il eut été un lion. La femme qui, à vue de nez, était plutôt jeune, possédait de longs cheveux rouges que le Soleil mettait parfaitement en valeur. Elle n'était pas bien loin de monsieur et il put remarquer, de là où il était, son visage de porcelaine et ses yeux maquillés. Tout homme normalement constitué l'aurait trouvé belle, si ce n'était pas magnifique, et lui la trouvait jolie, il ne pouvait pas se le cacher. Pourtant, ça ne changeait en rien le fait qu'il n'était pas seul par sa faute mais...

Une brillante idée lui effleura l'esprit. Elle lui semblait assez naïve, franchement, comme pas mal de jolies filles qu'il avait été amené à rencontrer. Et si il pouvait s'en servir pour obtenir quelque chose ? Mais quoi donc... ? Il y réfléchirait plus tard, s'il la regardait aussi fixement qu'il le faisait encore longtemps, elle allait peut-être réagir. Il avança ses pieds dans le sable, se rapprochant un peu plus d'elle. Ce n'était pas son genre, de se montrer sociable, mais s'il pouvait tirer quelque chose de quelqu'un, il le ferait. A vrai dire, là, il avait bien envie d'une glace, mais il n'avait pas d'argent sur lui.

« Bonjour... »

Ce simple mot était totalement idiot, dit dans le vide de la sorte : il ne connaissait rien d'elle et l'abordait sans gêne ? C'était assez inhabituel, surtout venant de lui. Il réfléchit avant de s'asseoir à ses côtés. Il allait vraiment passer pour un idiot, mais il ne s'en doutait pas. Non, pour lui, sa méthode d'approche était parfaite.

« Y a pas grand monde dites donc. »

Il regardait la demoiselle et sourit, bien hypocrite.