Il est des jours qui vous semblent importants… Celui-là en fait partie. J’avais comme une étrange impression ce matin-là, comme si quelqu’un, une puissance invisible, me poussait à ne pas laisser tomber, à ne pas abandonner ce désir étrange et inavouable, de voler la promise de celui qui il y a peu, était mon meilleur ami. Pourtant, n’importe quel homme se devrait de ressentir des regrets, des remords ou toute autre chose dans ce genre-là. Parfois, j’avais l’impression d’être déshumanisé comme un monstre, une bête, un support de Satan. Comment Minyeo pouvait-elle tomber amoureuse de moi alors qu’elle disposait d’un homme certes stupide à mes yeux mais pourtant si gentil avec elle. D’une tendresse qui m’était impossible d’atteindre…. A moins que… J’en sois finalement capable ? C’est probablement vil et méprisable mais je l’aime… Je ne sais pas pourquoi mais je veux être avec elle, disparaitre là où personne ne nous trouverait… Dans un lointain château si elle le désire, pour répondre à ses envies de capes et d’épées et autres romantismes véhiculés dans ses livres qu’elle aime tant.

Un rêve d’une pureté exceptionnel mais dont la manière suscitait à débat. Pourtant, cet après-midi-là, je m’étais habillé d’une façon des plus classiques, un jean, un tee-shirt et rien de plus. J’avais passé la matinée dans la bibliothèque de ma villa à la recherche d’une œuvre introuvable et inédite. Jason perdait son temps avec ses robes et ses parures, j’étais assez intelligent pour savoir ce qui lui plaisait. Elle n’était pas comme lui, elle aimait les choses simples… Elle n’aspirait pas à devenir une poupée sans conscience ni opinion, c’était là mon seul avantage sur son fiancé. Finalement, j’avais trouvé quelque chose d’intéressant, un manuscrit ancien rapportant l’histoire d’amour de deux êtres que tout opposait et qui finalement, avaient préféré la mort à la séparation. Ce n’était guère réjouissant mais j’avais trouvé dans ces mots, une sorte de réconfort comme si je retrouvais dans cette légende, une part de quelque chose d’humain…Quelque chose que j’espérais un jour comprendre comme si je voulais quitter mes habits de bêtes.

J’avais donc passé une bonne dizaine de minutes devant mon miroir, m’entrainant à sourire sans paraitre stupide, une activité quelque peu nouvelle à mes yeux mais finalement assez amusante. Je me rendais compte combien je pouvais finalement paraitre normal et c’était une assez bonne nouvelle. Je partis donc à pied en direction de la librairie de Minyeo. J’aimais vraiment cet endroit, il n’était pas vraiment fréquenté mais je pouvais passer des heures à l’admirer rangé puis trier ses ouvrages. Elle avait quelque chose d’innocent qui me plaisait véritablement. Comme si depuis quelques temps, le fait de simplement la voir, me rendait heureux. Je franchissais alors la porte de l’échoppe et la chercha du regard, lui offrant mon plus beau sourire.

« Minyeo, comment vas-tu ? Nos discutions m’ont manqués. »

Nos discussions… Toutes ces paroles sur les différents ouvrages qu’elle aimait, ça me plaisait vraiment d’avoir des choses à dire et à écouter qui ne soit pas stérile ni sans intérêt. Ainsi, je m’installai sur une chaise attendant qu’elle ait terminée. Une fois cela fait, je me levais, m’avançant, lui tendant le livre que j’avais cherché toute la matinée.

« Petit cadeau, j’ai beaucoup apprécié ce livre, je suis certain qu’il en sera de même pour toi. »

Je lui parlais de manière quelque peu officielle et cela ne me plaisait pas beaucoup mais je n’osais pas. Je ne pouvais pas lui faire part de mes sentiments pour elle. Pas maintenant, je n’étais qu’un ami philosophe à ses yeux, rien de plus. Jason était bien plus important pour elle que moi et je ne voyais pas quoi faire. Peut-être qu’il existait un moyen mais lequel…

« Tu penses que… Enfin…. Ça te dirait qu’on aille se promener ensemble une fois que tu auras fermé la librairie ? »

J’avais dit ça de manière quelque peu gênée, comme si lui faire ce genre de proposition alors qu’elle était fiancée pouvait être pris comme une offense à ses yeux. Nous étions proches… Oui… Mais j’avais toujours peu de mal faire, qu’elle en vienne à me détester et qu’elle reste à jamais dans les bras de ce crétin arrogant ! Jamais je ne le permettrai !!! Jamais !!!